Qu’est ce que l’Espérance?

tiré du livre

L’espérance est une énergie de croissance qui ouvre l’esprit humain. Si on la laisse se développer, elle déploie sans effort les plis du coeur, comme s’éveillent les roses sous l’eau vive qui tombe en pluie.
L’espoir cherche le bien-être. L’espérance, elle, vise plutôt un être bien. Un être juste: ajusté à l’ensemble de la réalité; en phase avec le moment présent et sa joie contenue.
L’espoir peut ne pas viser un présent immédiat. Il peut même tenter de l’oublier ou sauter par-dessus. Mais il guette toujours un autre présent, un présent jouissif délivré du poids des contingences, ignorant qu’il ne le saisira jamais…L’espoir toujours renouvelé s’épuise. Et il épuise.

L’espérance ne combat pas l’espoir. Elle le respecte. Elle ne prétend pas l’éteindre au nom d’une déception anticipée ou d’une vérité plus grande.

Mais sa source est autre. Elle n’utilise pas l’énergie de l’espoir pour renforccer la sienne. Elle est d’une autre substance. A la différence de l’espoir, l’espérance n’échafaude pas. Elle ne rêve pas le bonheur. Elle devine en sourdine, ou par fulgurances, qu’une plénitude est déjà là. Elle n’y aspire pas, elle la pressent proche.

L’espérance n’est pas une confiance en un avenir radieux; mais en une présence qui demeure en chacun- et qui se promène dans « l’entre-nous ».

L’espérance n’est pas une conviction elle est une confiance.

Comment mettre en route cette espérance?
Un risque certain pour l’espérant est de devenir pauvre: il négligera ce qu’il tenait pour acquis – son avoir, son savoir, ses petits pouvoirs. S’ouvrant à une  confiance sans conditions, il risquera la perte de ses protections mentales. Celui ou celle qui a une espérance intemporelle perd le confort d’un mode de pensée stéréotypé.

L’avenir du monde tel qu’il apparaît dans les conversations, les comportements, les maux exprimés, et tel qu’il semble entretenu dans l’opinion, fait penser chaque jour daantage à ces geôles médiévales de l’Inquisition au format de plus en plus étroit: on vous fat entrer tout d’abord, à coups de publicités, dans un murus largus: prison d’un espace suffisant pour y inviter des amis et garder le contat vec l’extérieur. Puis, les discours aambiant vous mènent vers la prison strictus: là, l’espac réduit vous isole, vous êtes coincé, vous êtes enchainé à un boulet. Enfin, la pensée dominante, si on peut l’appeler une pensée, vous pousse vers la prison strictissimus: cette fois vous êtes tout entier ferré, vous étouffez lentement.
Ah, simplement le loisir de rêver un monde ouvert!

Si l’on tient à qualifier ici l’espérance, on dira qu’elle est parieuse. Confiante, elle fait ce pari: ce que chacun peut recevoir de cette vie  lui sera donné; lui est donné.
Alors la vie s’éclaire, et même la mort: cette autre facette de l’existence. Risquer l’espérance, c’est risquer un oeil hors de la caverrne, passer la tête à l’extérieur, une jambe, le corps entier. Se risquer soi. Et, enfin!, laisser le souffle du dehors gonfler les voiles.

L’espérance comme capacité à se lever au delà des préceptes d’hommes.
L’espérance est un choix.
L’espérance comme ferment à faire fructifier dans la vie présente, et non plus, ou plus seulement, comme mouvement d’aspiration vers l’au delà.